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MNHN   Muséum National d'Histoire Naturelle

 


Le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris possède la plus importante collection d'insectes du monde avec environ 100 millions de spécimens.
En ce qui concerne les Rutelinae, il détient tous les types de Blanchard et de nombreux types de Bates; cette Collection reste pour l'instant moins importante que celle du ZMHB (Zoological Museum für Naturkunde der Humbold-Universität der Berlin) du fait du travail considérable du Docteur Ohaus et des très nombreux types qu'il y a déposés; j'espère néanmoins, par des ajouts constants, arriver à ce que la collection du MNHN devienne la première du monde comme elle l'est déjà pour bien d'autres familles.

Pour plus d'informations :  http://www.mnhn.fr/

Dans les boîtes du Muséum, 15 millions d'échantillons encore à étudier !

Méditant sur le livre de Robert Louis Stevenson, "Le cas étrange du Docteur Jekyll et de Mister Hyde", Vladimir Nabokov se rappela un apologue chinois sur le thème de la métamorphose : "il y avait un philosophe qui toute sa vie se demanda s'il était un philosophe qui rêvait qu'il était un papillon ou un papillon qui rêvait qu'il était philosophe". Que dire en effet, devant le spectacle de la nature, toujours recommencée ? La découverte de ses merveilles se partage entre l'immensité d'un côté, l'infinitésimal de l'autre. Avec, à l'extrémité de ces deux pôles, le penseur qui ne se sépare pas de ce qu'il perçoit.

Loin d'être une forme mineure de l'essai de compréhension des phénomènes, l'entomologie tient une place privilégiée au nombre des sciences du vivant, depuis le XVIIème siècle, avec, entre autres, la publication des gravures sur bois d'insectes du Surinam de Maria Sylla Merian (1647-1717), puis le splendide Die Schmetterlinge d'Esper (1777). De manière générale, à dater du milieu du XVIIIème siècle, les savants ne recherchent plus à porter un message en travestissant la nature, conçue comme un prétexte soit pour louer la divinité, soit pour exalter l'homme, mais s'appliquent, au contraire, à l'analyser, en profondeur, à la manière d'un poème parfait où tout prend sa place.
Au rebours du rationalisme hérité de Descartes, l'idée qui court les esprits, de Maupertuis à Schelling, est qu'il existerait une échelle des êtres dont l'homme constitue le chaînon le plus élevé, suivi des bêtes, des insectes, des plantes, des pierres et des astres. La nature est comprise dans cette grande chaîne des êtres qui mène de l'animal au minéral, en passant par le végétal.
On ne s'étonne plus de voir Rousseau rêver aux plantes au gré de ses promenades solitaires, ni surtout Buffon réorganiser de fond en comble le jardin royal des herbes médicinales, devenu, en 1793, le Muséum national d'histoire naturelle.

MNHN Thierry Deuve
Thierry Deuve

MNHN Yves Cambefort
Yves Cambefort

Michel Boulard Patrice Leraut Arnaud Faille

MNHN Antoine Mantilleri
Antoine Mantilleri

Dr Gérard Tavakilian Dechambre

Olivier Montreuil

MNHN André Nel
André Nel


Le Muséum est un haut lieu du patrimoine mondial

A l'heure où la science ne sait plus à quelle planète se vouer, de Mars ou de Jupiter, force est de constater que le legs de pensée que nous ont faits les hommes des Lumières est d'une richesse incomparable. Les collections d'insectes du Muséum en font un des hauts lieux du patrimoine mondial, avec près de 100 millions de spécimens conservés dans 250 000 boîtes, alignées sur une trentaine de kilomètres de rayonnages.
- L'intérêt de nos collections ne le cède nullement à celui de Londres et de Washington, explique Loïc Matile, directeur du laboratoire d'entomologie du Muséum. Pour prendre un autre exemple, les collections de Saint-Pétersbourg seront sans doute plus riches en insectes provenant de Sibérie, mais bien plus pauvres pour d'autres parties du monde, comme l'Afrique tropicale. Notre richesse tient à ce que nous offrons des pièces qui permettent de saisir une vision globale de la biodiversité.

Les collections du Muséum qui nous restent en parfait état datent en majorité du XIXème et du XXème siècle, grâce aux expéditions coloniales, puis à l'apparition des transports aériens. Dès les années 30, mercenaires du minuscule, des entomologistes partent en Asie et en Afrique. En outre, ces dernières années, le raffinement de la plupart des filets et l'apparition de nombreux pièges divers ont permis de multiplier par 10 les trophées d'insectes chassés. Ce qui n'empêche pas Loïc Matile de constater :
- On recense tous les ans de 4 000 à 5 000 espèces nouvelles. Il en existe encore au bas mot, 10 millions voire 50 millions, inconnues de nous. Or, à cause de la disparition de certaines forêts, des espèces entières, plusieurs fois millénaires, quittent la terre à tout jamais, sans même que nous en ayons eu connaissance. Il s'agit de pertes irréversibles. Qui sait ce qu'auraient pu nous révéler ces insectes défunts sur l'évolution, donc sur nous-mêmes ?

L'intérêt de l'étude des insectes n'est pas seulement dans la découverte de beautés qui faisaient éprouver à Vladimir Nabokov, au sujet des papillons, un " frémissement de gratitude envers qui de droit - envers de tendres fantômes qui se prêtent à tous les caprices d'un mortel heureux ". Mieux : grâce à une mémoire génétique qui remonte à des millions d'années, les insectes nous renseignent de manière irréfutable sur la dérive des plaques, l'expansion des continents ou la formation des faunes.
- Par ailleurs, si on s'intéresse à l'évolution, précise Loïc Matile, il ne faut pas oublier que les insectes forment le groupe le plus important. On ignore toujours presque tout de la biologie de 98 % des espèces connues. L'étude de leur ADN est encore embryonnaire. De même, ce ne sont pas moins de 15 millions d'échantillons du Muséum qui attendent d'être étudiés. Quelles seront les révélations à venir ?

Et plus que l'état de conservation des collections, désormais sauves, c'est le manque d'exploitation de ces trésors qui préoccupent Loïc Matile et les siens. L'importance de continuer des travaux qui retinrent des esprits aussi divers que Roger Caillois ou Frédéric Prokosch, ne fait pourtant aucun doute. A trouver hors de nous, une marque de vie, expliquant pour partie la nôtre, nous éprouverons sans doute encore un peu de l'émotion du philosophe chinois qui sait qu'il est un papillon et qui rêve qu'il est un philosophe, ce "mortel heureux".
Pour plus d'informations :  http://www.mnhn.fr/


La collection Oberthür :

La famille Oberthür est d’origine alsacienne. Le grand-père de René….contribua à mettre au point la « lithographie »…L’un de ses enfants, François-Charles…a l’idée de génie qui va changer le cours de sa vie et celle de ses descendants : il crée l’ « Almanach des Postes »…Pour des milliers de familles modestes, le « Calendrier des Postes » est le seul accès à l’art…Longtemps avant sa disparition, François-Charles avait associé ses deux fils, Charles et René, à son entreprise. Celle-ci emploie quelque 1000 personnes : l’imprimerie Oberthür, à Rennes, est l’une des entreprises les plus importantes de la région et la première imprimerie de France.

 François-Charles était amateur de papillons, notamment lycènes et zygènes….dont il avait réuni une intéressante collection. Dès 1861, il la laisse à son aîné Charles… ; parallèlement, il offre à son cadet, René, quelques boîtes de coléoptères, rassemblés un peu au hasard ; cela décide de la vocation de ce dernier qui sera coléoptériste et entrera à la SEF en 1871…Les deux frères se livrent si sérieusement à leur passion que leurs collections prennent, en une vingtaine d’années, des proportions considérables. La maison familiale est envahie (on connaît…). En 1884, François-Charles décide de faire construire à côté de celle-ci un pavillon consacré à l’entomologie….Le soin du détail est poussé très loin : les céramiques des toilettes sont également ornées de motifs entomologiques ! Outre les deux frères, plusieurs préparateurs ou préparatrices surveillent, entretiennent et classent les collections que les deux frères cherchent à accroître le plus possible ; Pour cela, ils financent les voyageurs naturalistes de leur époque : …. En outre, ils concluent un marché avec les principales congrégations missionnaires : en échange de la fourniture gratuite de tous les imprimés nécessaires à leurs activités (bibles, missels, catéchismes, bulletins, lettres paroissiales…), les missionnaires devaient récolter, ou faire récolter par leurs ouailles, tous les insectes qui passaient à leur portée…
Outre les matériaux qu’il se procurait auprès des voyageurs et missionnaires, René Oberthür pratiqua une politique d’achats à grande échelle…Surtout, il pu acquérir presque toutes les grandes collections qui furent mises en vente pendant sa vie…

En 1925, à la mort de Charles, le Muséum de Paris ne put pas se rendre acquéreur de sa collection de papillons, qui partit…à Londres. Désormais, le bâtiment de Rennes fut entièrement à la disposition de René. On lui prête l’exclamation suivante, assez peu fraternelle et certainement apocryphe : « Enfin, je vais pouvoir m’occuper de papillons !»…Pendant toute sa vie, René Oberthür occupa la plus grande partie de ses loisirs à travailler à sa collection ; il supervisait lui-même l’étiquetage, la détermination et le classement ; pour faire identifier cet énorme matériel, il avait recours aux spécialistes de toute l’Europe…

Pendant la seconde guerre mondiale, le Dr. Georg Frey, lui-même (très grand…) collectionneur de coléoptères, qui était alors officier dans l’armée allemande, eut soin que le bâtiment abritant la collection soit convenablement chauffé et entretenu. René Oberthür décéda le 27 avril 1944…René Jeannel, Directeur du Laboratoire d’Entomologie du Muséum, avait toujours gardé un œil sur les collections des deux frères ; il n’avait pas apprécié le départ des papillons de Charles vers le British ; mais enfin, ce n’étaient « que des papillons »… ! Après la guerre, il fit tout son possible pour que l’énorme corpus de René, cette « Collection des Collections », suivant le mot de Frey, puisse entrer dans le patrimoine national . Encore une fois, les Anglais menaçaient….Mais Jeannel put obtenir le classement de l’ensemble au titre de « monument historique », ce qui empêchait la sortie du territoire français. L’achat fut alors négocié avec la famille pour 32 millions de francs de l’époque, montant raisonnable compte tenu de ce qu’avait coûté la collection (20 fois plus, soit quelque 600 millions, disait-on alors), mais qui ne put pas être réuni au Muséum avant 1951….Le 13 décembre 1952, elle faisait son entrée au Laboratoire d’Entomologie, où elle fut installée au troisième étage du 45 rue Buffon, aménagé pour l’occasion. A son arrivée, elle comptait quelque 20 000 boîtes et 15 armoires, le tout renfermant au moins 5 millions de spécimens, y compris des dizaines de milliers de types. Mais seule une moitié de cet ensemble formait une collection proprement dite…, l’autre moitié n’était qu’un immense « magasin », renfermant 2 à 3 millions de spécimens non identifiés et non classés…Enfin, une grande Exposition entomologique fut organisée au Muséum, de mai à septembre 1953, pour commémorer cet évènement. Elle fut inaugurée par le ministre de l’Education Nationale, M. André Marie, qui remit à Chopard la Légion d’honneur. Ce fut la première, la dernière et la seule fois que la République française célébra solennellement l’entomologie, les coléoptères, leurs collections et leurs collectionneurs…

(Dans « le Coléoptériste » de juin 2004, « René Oberthür (1852-1944) et sa collection » par Yves Cambefort ; j’invite les lecteurs à se procurer l’intégralité de cet excellent article…).


Comptez les papillons ! :

Les Français sont invités à recueillir un maximum de données pour alimenter l'Observatoire des papillons des jardins, mis sur pied par le Muséum d'Histoire Naturelle :
La chasse aux papillons est ouverte. Mardi 21 mars 2006, jour du printemps, tous les Français seront officiellement appelés à ouvrir grand leurs mirettes pour compter les lépidoptères ... L'objectif ? Recueillir un maximum de données pour alimenter l'Observatoire des papillons des jardins, mis sur pied par le MNHN, avec l'Association Noé Conservation et la Fondation Nicolas Hulot. 3Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés", lance le biologiste Romain Julliard, responsable de ce programme du Muséum
La procédure est simple : il suffit de s'inscrire sur un site Internet (
http://www.noeconservation.org) pour recevoir un guide d'identification des principales espèces et une feuille de comptage. Ensuite, installé sur un banc du parc des Buttes-Chaumont, à Paris, ou dans le jardin de sa maison de campagne, on ouvre l'œil pour repérer l'hespéride de la mauve et ses petites taches blanches, l'amaryllis avec sa large bordure brun sombre ou le flambé et son jaune pâle. Et on compte. Pendant 10mn ou 1 heure. Une fois par mois ou trois fois par semaine, peu importe. A la fin de chaque mois, du printemps à l'automne, les participants saisissent leurs données en remplissant un formulaire en ligne.
"Ce projet de Science citoyenne nous permettra de mettre en place un véritable réseau de surveillance des espèces communes de papillons de jour", explique R. Julliard. Très sensibles, ces lépidoptères servent en effet de précieux indicateurs aux scientifiques. Pour mesurer la biodiversité, évidemment, mais aussi pour détecter des effets du changement climatique : "On observe actuellement une expansion du paon du jour dans toute l'Europe", note par exemple le scientifique du Muséum.
Les papillons, décidément très utiles, sont également des témoins fiables de la qualité des milieux naturels. "Leur abondance traduit la bonne santé d'un jardin". Alors, pour les inviter chez vous, voici quelques recettes distillées dans le guide qui accompagne cette opération : privilégier des combinaisons de fleurs de couleurs jaune et mauve, dont ils raffolent; laisser tomber le gazon et opter pour une pelouse composée d'un mélange de graminées et de trèfle; planter des espèces locales et éviter l'emploi de pesticides. bref, devenez un écojardinier. Et surtout n'oubliez pas d'ouvrir l'œil !

Un an à regarder voler les papillons des jardins français :

L'observatoire des papillons des jardins (OPJ) donne son premier bilan après un an de fonctionnement :
C'est symboliquement le jour du printemps que le premier bilan de l'OPJ a été rendu public; un rendez-vous que les organisateurs voudraient maintenir chaque année à la même date. Cet observatoire a été lancé par le Muséum (MNHN), l'Association Noé Conservation et la fondation Nicolas H ulot pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la biodiversité. Enjeux principalement liés aux changements climatiques, à la politique agricole commune et au programme Natura 2000 qui ont une action sur la faune et la flore.
Partant du fait qu'en Europe 50 % des papillons de prairie avaient disparu en quinze ans, l'Observatoire essaie de constituer un véritable réseau de surveillance de la biodiversité. pour que le projet réussisse, il faudrait que la France, qui n'a pas de grande tradition naturaliste comme la Grande-Bretagne (hum !!!), les Pays-Bas ou les Etats-Unis, parviennent à mobiliser un public de plus en plus large de volontaires. A titre d'exemple, en Grande-Bretagne, 20 000 bénévoles parcourent chaque année 2 861 aires d'observation; alors qu'en France, si environ 15 000 observateurs se sont inscrits sur le site Internet de l'OPJ (www.noeconservation.org), seuls 5 000 à  6 000 d'entre eux y participent régulièrement.  
Les premiers résultats de l'OPJ sont intéressants; ils se concentrent sur 28 espèces de papillons communs parmi les plus répandus alors qu'il en existe 260 espèces de jour et 4 827 de nuit; d'ores et déjà, ils indiquent que le nord du Bassin Parisien (Picardie) compte en moyenne 10 espèces recensées par commune, contre 19 pour le sud-ouest du Bassin (Beauce). La côte du Languedoc présente une richesse inférieure à celle de la Côte d'Azur.

Bassins miniers incriminés
Dans certaines régions, comme le bassin du Creusot et L'ouest de la Moselle, les bassins miniers sont incriminés pour justifier le faible nombre de papillons. Dans la région parisienne, c'est le tissu urbain. Alors que pour d'autres zones, comme le nord de la Dordogne, les Hautes-Pyrénées, le sud de l'Alsace et le nord de la Franche-Comté, l'explication nécessitera des analyses supplémentaires.

Il a également été observé que le cycle de vie des papillons comme l'aurore se déroule entre avril et juin tandis que la belle -dame est visible d'avril à octobre; cette donnée témoin permettra de faire des comparaisons durant les années suivantes, d'observer d'éventuels décalages et de les corréler avec les phénomènes météorologiques, notamment.
Par ailleurs, certains papillons, comme le brun du pélargonium, une espèce invasive venant d'Afrique du Sud, se propage vers le nord.

Forts de ces renseignements qui seront complétés dans les années à venir, les jardiniers en herbe devraient adopter des comportements plus favorables aux papillons et à l'environnement. Les jardins français représentent plus d'un million d'hectares, soit environ 2 ù de la surface de la France. Sensibilisées depuis 3 ans à ce sujet, les Côtes d'Armor ont installé 100 hectares de refuges à papillons grâce à l'Association Vivarmor.

(Le Figaro des 24-25 mars 2007)


La Maison des Papillons :

C'est au 45 de la rue Buffon que se trouve la troisième collection de papillons du monde. L'endroit est magique, composé d'une succession de salles semi-obscures, où s'alignent des murs entiers de tiroirs en bois précieux, d'armoires de rangement, de casiers, de vitrines et de rayonnages contenant des milliers d'écrins. Ce cabinet de curiosités est le domaine exclusifs des chercheurs. Il ne se visite pas. Il rassemble plus de 3 millions de spécimens, surtout des imagos étalés et conservés à sec, mais aussi de nombreuses chenilles et chrysalides ainsi qu'un ensemble de 45 000 préparations microscopiques. L'essentiel des insectes provient de collections privées comme celle, classée monument historique et riche en papillons exotiques, de Mme Aimée Fournier de Horrack.
C'est le Professeur Jacques Pierre qui règne sur ce petit monde avec trois spécialistes des lépidoptères rattachés au Muséum, sa femme Claude, technicienne, et deux fidèles assistantes, Rose et Marguerite, "mes deux fleurs" comme il aime à les appeler. Homme de terrain - ses expéditions l'ont conduit aux quatre coins du globe - , mais aussi darwiniste convaincu, philosophe par extension, poète à ses heures, cet homme, avec ou sans filet, est passionné et passionnant. Les insectes sont un matériau privilégié pour étudier l'origine et la biodiversité des espèces car ils représentent 90% du monde animal. Passionné, Jacques Pierre voltige d'une théorie de l'Evolution à l'autre, d'observations in natura en découvertes de laboratoire. Il fourmille d'anecdotes, s'enthousiasme pour ses bestioles et se pose un milliard de questions. savez-vous comment les monarques du Mexique, ces papillons migrateurs qui parcourent des milliers de kilomètres entre le Canada et les forêts du Michoacan, ont réussi à survivre tout en agitant leurs ailes striées d'orange et de noir à la barbe des oiseaux ? Tout simplement en cessant de devenir comestibles ! L'étude de ces insectes se révèle passionnante, d'autant que l'existence de ces graciles invertébrés est fragilisée par la modification de leur milieu naturel. Le réchauffement climatique, la destruction massive des forêts, et bien sûr, la pollution, les mettent en danger. Si leur environnement est saturé de pesticides, les papillons, qui se nourrissent de nectar, s'empoisonnent et deviennent stériles. Dans les zones de culture où l'on rase tous les bosquets, haies, friches et bords de route, ils ne trouvent plus ni plantes nourricières ni lieux où pondre.
Pour Jacques Pierre, la protection de certaines espèces n'est pas la bonne solution, elle engendre la contrebande et empêche les scientifiques de faire leur travail. Seul le maintien des habitats a un sens pour la sauvegarde de la faune.
Quant au commerce des papillons, il est essentiel aux chercheurs qui n'ont ni le temps ni les moyens de se procurer les plus rares. Autrefois, quelques riches collectionneurs avaient recours à des correspondants sous les tropiques, souvent des pères missionnaires ou des planteurs qui formaient des indigènes à la capture des papillons.
Aujourd'hui, des chasseurs indépendants publient des catalogues sur Internet et fournissent les amateurs privés en spécimens souvent trop coûteux pour les collections nationales (ajout Soula : mais les collections privées finissent tôt ou tard dans les collections nationales !). C'est pourquoi Jacques Pierre soutient le développement des fermes d'élevage afin d'inciter les populations autochtones à protéger leur environnement et donc à sauvegarder les papillons. Sur la côte kényane, près de Malindi, la forêt Sokoké, dont les espèces endémiques sont particulièrement prisées, est aujourd'hui protégée. Au Mexique, l'élevage des lépidoptères de couleur blanche prend son envol avec les lâchers de papillons qui remplacent celui des colombes à l'occasion des mariages et autres célébrations. Malgré l'abondance du travail qui reste à fournir, les entomologistes spécialistes du sujet sont, eux aussi, une espèce en voie de disparition.

(Dans "ELLE" de novembre 2007)


Une si vieille nouvelle espèce :

"Dans notre métier, on voyage régulièrement; mais bien souvent, c'est en traversant le couloir qu'on découvre de nouvelles espèces". Thierry Deuve, entomologiste au Muséum d'Histoire naturelle depuis 1989 parle d'expérience. Conservée dans la collection de coléoptères du Muséum (ndlr : la plus importante du monde), l'une des dernières espèces qu'il a décrite - Brachinus solidipalpis, un carabique de la Famille des Bombardiers - attendait qu'on veuille bien l'étudier depuis ...1843 ! D'après l'étiquette qui les ornait, les sept spécimens existants ont été collectés à Manille (Philippines). Depuis, plus aucune trace d'eux dans la nature. Les bombardiers vivent en forêt et, aujourd'hui, il ne reste plus guère d'arbres dans la capitale philippine, l'une des villes les plus peuplées du monde. Deux hypothèses : soit l'espèce a bel et bien disparu, soit elle vit discrètement dans une autre forêt de cette région. "Même si l'on sait que la déforestation et l'usage des pesticides sont à l'origine de beaucoup d'extinctions d'insectes, nous n'avons pas la preuve formelle de la disparition de B. solidipalpis", assure T. Deuve, résolument optimiste. La destruction d'un coléoptère a-t-elle tant d'importance, dans un Ordre qui en compte des centaines de milliers ? "Oui, car c'est ça la biodiversité. Les différences entre ces espèces peuvent être de l'ordre de celles qui existent entre la panthère et le jaguar : c'est énorme, mais seuls les entomologistes les voient". La preuve, c'est que les carabiques ont fait parler d'eux dans la première moitié du XXème siècle : l'étude de leur répartition en Asie du sud a servi à défendre la Théorie de Wegener sur la dérive des Continents. Du coléoptère aux mouvements des terres, il n'y avait qu'un pas.

(National Geographic, juin 2008)



Le Muséum abrite une extraordinaire collection de Coléoptères :

Elle est unique au monde tant par sa richesse que par son volume. La collection renferme plus de 20 millions de spécimens conservés dans 80 000 cartons de rangement. Elle constitue plus de la moitié de la collection d'insectes. Cette collection est la plus importante du Muséum aussi bien par le nombre d'individus que par la diversité des taxons, puisqu'elle représente à peu près le quart de l'ensemble des collections de zoologie. La collection renferme 185 000 types (primaires, et secondaires), ainsi que probablement plusieurs milliers de syntypes non encore identifiés dans des collections du XIXe siècle. Les différentes familles sont, pour la plupart, rangées en collection générale ou en collections d'auteurs. Certaines sont des collections géographiques (Carabidae de Madagascar, de la monographie du Dr R. Jeannel ; ou Coléoptères d'Afrique du Nord, principalement Algérie, de P. de Peyerimhoff, Coléoptères de la forêt de Fontainebleau, collection Iablokoff, etc.).
 


Trichodes apiarius (L.) (Cleridae)
Gilbert Hodebert, dessinateur, MNHN - Entomologie © MNHN

 

Parmi les collections ayant une valeur patrimoniale, la plus ancienne date des années 1780. C'est la collection de Étienne-Louis Geoffroy qui contient un grand nombre de types primaires. Elle est dans un excellent état de conservation. Une grande partie de la collection de E.-A. Olivier fait également partie du patrimoine. Des Insectes de ces 2 collections sont décrits dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. 3 collections sont classées monuments historiques : en 1949, la collection R. Oberthür (toutes les familles de Coléoptères) ; en 1977, la collection J. Jarrige (Staphylinidés) et, en 1988, la collection J. Thérond (Histéridés).
La plupart de nos collections d'auteurs (plus de 300) sont énumérées dans Horn & Kahl (1935), et Gaedicke & Smetana (1984).
 



Les 27 000 spécimens de la collection de Cétoines paléarctiques sont enregistrés sous une base de données (8000 entrées).


Activité

Chaque année, environ 50 travaux sont publiés par les chercheurs de la section et 300 autres par des chercheurs extérieurs ayant utilisé des matériaux provenant, pour partie ou en totalité, de ces collections.
Dans le cadre des collaborations internationales, la section collabore de manière très importante sur le plan international aux recherches sur les Coléoptères, par des prêts aux chercheurs d'autres institutions, nationales ou étrangères. De 1995 à la fin de 2001, la section a effectué 1016 prêts de spécimens à de nombreux spécialistes, soit environ 100 000 spécimens communiqués, dont à peu près 6000 types. Parallèlement, de nombreux collègues étrangers ou français, ainsi que des étudiants en thèse, viennent chaque année travailler sur ces collections dans le cadre de recherches en systématique, phylogénie et nomenclature notamment.


Inventaire en ligne :

Voulez-vous savoir quels animaux, quelles plantes ont été recensés dans votre commune par les naturalistes ? Si le mammouth ou le renne ont brouté dans votre jardin durant la préhistoire ? Ou bien si une zone protégée se trouve à proximité de chez vous ? La réponse est donnée par l'inventaire du patrimoine naturel le plus complet au monde publié sur la Toile par le Muséum National d'Histoire Naturelle :

hptt://inpr.mnhn.fr


L'impact de l'entomologiste sur l'environnement :

On reproche souvent aux entomologistes de ramasser et de tuer de nombreux insectes, ce qui aurait comme conséquence que les insectes deviennent de plus en plus rares. Les entomologistes destructeurs de la biodiversité !!
Il est vrai qu'un entomologiste qui rentre avec une récolte de 500 spécimens peut susciter de telles idées. Mais il ne faut pas oublier que les insecticides tuent sans distinction des centaines de milliers d'espèces; que l'éclairage public et toutes les lampes attirent des milliers d'insectes qui y sont proprement incinérés; que les voitures, trains ou avions détruisent à chaque kilomètre parcouru de très grandes quantités d'insectes dont on peut voir les restes sur les pare-brises.
Lors d'une simple promenade en forêt, à chaque pas, nous écrasons un nombre important d'insectes, araignées et acariens du sol. Face à ces carnages, les efforts de récolte des entomologistes sont vraiment dérisoires !
Cependant, certaines raretés entomologiques sont la cible de chasseurs professionnels et peuvent de ce fait être menacées (elles sont maintenant protégées !). Mais on ne connaît aucune espèce d'insectes qui ait été exterminée par ce commerce (ce n'est pas le cas de bien d'autres espèces animales !).
Ce sont les activités de l'homme, en particulier la destruction des biotopes (y compris par l'ONF !) qui sont responsables de la diminution de la biodiversité, et non pas les entomologistes qui savent exactement ce qu'ils cherchent et font des prélèvements (en général ...) raisonnables qui ne risquent pas de détruire les populations d'insectes.

Muséum d'Histoire Naturelle de Genève.


A la recherche de l'origine des insectes :

Une expédition scientifique polaire du MNHN et du CNRS avec le soutien de l'IPEV, du 8 juillet au 12 août 2010

Le 8 juillet, une équipe de scientifiques du Muséum national d'Histoire naturelle et du CNRS mettra le cap sur le Spitzberg, l'île principale de l'archipel du Svalbard, territoire de l'Arctique situé à l'est du Groenland, à la recherche de l'origine des insectes.

Leur mission : mettre au jour des fossiles d'arthropodes terrestres, et tenter de dater la sortie des eaux des premiers insectes (Insecta et Hexapoda), ainsi que l'apparition des lignées ailées au Dévonien. L'enjeu est de taille, car, à ce jour, très peu de gisements de fossiles d'arthropodes terrestres de ce type ont été découverts dans le monde.

La majeure partie de la mission se déroulera dans la péninsule du Dicksonland, dans les vallées glaciaires qui entourent la ville fantôme russe de Pyramiden. Le paysage spectaculaire de vieux grès rouges de cette région est très favorable à la découverte de fossiles : les versants des montagnes, avec leurs différentes strates qui se superposent comme les pages d'un livre, présentent en effet une continuité stratigraphique du Dévonien (de -416 à -359 millions d'années) au Mississippien (de -345 à -320 millions d'années), avec un passage progressif et alterné marin-continental. Ce type de paléo-environnement correspond précisément à celui des premiers « insectes », puisque ceux-ci sont apparentés aux crustacés marins.

Toutes les étapes de la sortie des eaux ont pu se fossiliser et s'enregistrer dans les sédiments fins caractéristiques de cette zone, aussi bien pour la paléoentomologie, la paléobotanique, les paléo-traces de broutages sur les végétaux, de paléoichnologie (déplacements d'êtres vivants), que pour les paléo-vertébrés.

L'équipe réunit 6 spécialistes reconnus autour de l'UMR MNHN/CNRS 7205 « Origine, structure et évolution de la biodiversité » qui organise cette mission :
- André NEL*, paléoentomologiste, responsable des collections zoologiques d'arthropodes du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), responsable de la mission ;
- Jean-Claude ROY, géologue, adjoint du chef de mission, responsable sur le terrain, bénévole au Muséum ;
- Jean-Michel BICHAIN, malacologue, attaché au Muséum, responsable logistique de la mission ;
- Cyrille D'HAESE*, entomologiste, chercheur au CNRS ;
- Romain GARROUSTE*, entomologiste et paléoentomologiste au Muséum.
- Dany AZAR, paléoentomologiste, Université Libanaise, Beyrouth, Liban, associé au Muséum.

Tous ont à leur actif plusieurs missions scientifiques (inventaires) et chantiers de fouilles paléontologiques dans le monde entier, ainsi que de nombreuses découvertes paléontologiques et entomologiques.

La feuille de route des scientifiques est ambitieuse, originale et très prometteuse :
- repérage et échantillonnage des niveaux fossilifères ;
- collecte et identification des fossiles in situ ;
- détermination des associations fauniques et botaniques dans le Dévonien et le Mississipien, avec la localisation des niveaux fossilifères ;
- récolte et identification des faunes associées composées principalement de vertébrés (macro- et micro-restes fossiles), des invertébrés marins et continentaux, de la flore (palynologie et macro-restes) et des ichnofossiles.
- amélioration des connaissances sur la biodiversité actuelle des invertébrés des milieux extrêmes du Svalbard.

L'expédition scientifique polaire « A la recherche des premiers insectes » a reçu le soutien de l'Institut Polaire français Paul-Emile Victor (IPEV).


Pour en savoir plus :
http://www.mnhn.fr


Le Muséum se dote d'un scanner 3D pour "traverser la matière" :

Le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) de Paris a inauguré lundi un scanner 3D ultra-performant qui permettra aux chercheurs de disséquer virtuellement un petit insecte et de découvrir sans les abîmer l'intérieur du cerveau d'un fossile préhistorique ou d'une météorite.
Cet équipement de pointe, baptisé AST-RX (prononcez "Astérix"), réalise le "vieux rêve" de tous les paléontologues et biologistes en permettant aux scientifiques de "traverser la matière", a résumé lors d'une présentation à la presse Gaël Clément, responsable de ce nouvel engin partagé entre le MNHN et le CNRS.
Le principe utilisé par AST-RX est semblable à celui des scanners médicaux: le spécimen à analyser est placé sur un plateau rotatif qui tourne lentement, permettant à la machine de prendre quelque 3.000 clichés aux rayons X sur 360 degrés.
Les images obtenues sont alors assemblées et modélisées par ordinateur, créant à volonté un "volume virtuel" en trois dimensions et autant de "coupes virtuelles" que nécessaire, explique M. Clément.
Si ce type d'appareil était déjà à la disposition des scientifiques dans certains centres de recherches (synchrotron Soleil par exemple), le Muséum est le "premier musée au monde à être doté d'un scanner aussi performant et polyvalent", assure le paléontologue.
AST-RX est en effet équipé de deux foyers distincts, l'un permettant de disséquer des objets très petits (larve d'insecte ou graine de l'ordre du millimètre par exemple), l'autre étant capable de radiographier des spécimens beaucoup plus gros, comme des poissons préhistoriques ou des crânes de néandertaliens.
Outre la possibilité pour les chercheurs d'explorer rapidement et sans dommage des spécimens parfois rares et fragiles, puis de partager leurs "duplicatas virtuels" avec les scientifiques du monde entier, cet équipement est également d'un grand intérêt pour le fonds du Muséum.
Car la plupart des 68 millions de spécimens conservés au MNHN, depuis parfois plusieurs siècles, n'ont été explorés "qu'en surface" et pourront donc dorénavant révéler certains secrets de leur structure interne, souligne Gilles Bœuf, président du Muséum.
Avec un tel scanner, il devient ainsi possible de débarrasser virtuellement de sa gangue un insecte vieux de 30 millions d'années fossilisé dans l'ambre puis d'aller étudier ses organes génitaux, s'enthousiasme Gilles Bœuf.
D'un coût de 876.000 euros, AST-RX a notamment été financé à plus de 40% par le Conseil régional d'Ile-de-France.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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